Editorial – revue n°33

Personne n’avait prévu qu’une pandémie – de Covid-19 – allait tout bouleverser. Nous vivons une période étrange, inattendue et déconcertante, une véritable catastrophe ! Il y a des morts tous les jours et nous sommes préoccupés par le risque d’infection, menacés par un ennemi insaisissable, dangereux qui met notre vie en danger. Nous devons rester prudents et respecter toutes les mesures obligatoires : le confinement qui nous éloigne des proches et du monde, le lavage répétitif des mains, la distanciation, le masque qui cache notre visage et nous irrite mais que nous portons par nécessité afin de nous protéger d’une éventuelle contamination 

Le masque risque de rompre notre lien avec le monde extérieur en nous dépossédant d’une partie importante de notre visage. Il nous soustrait au regard d’autrui et dissimule ainsi une part de notre identité. Mais, pour Emmanuel Levinas « le visage ne s’identifie pas uniquement à la figure. Il nous rappelle notre fragilité, notre exposition à la maladie et à la mort mais n’exclut pas que l’autre ait un visage, c’est-à-dire qu’il soit singulier, porteur d’une fragilité, d’une mortalité et qu’il invoque notre responsabilité ». 

Dans un extrait d’Éthique et infini, E. Lévinas écrit :

« Je pense […] que l’accès au visage est d’emblée éthique. C’est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet. La meilleure manière de rencontrer autrui, c’est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observe la couleur des yeux, on n’est pas en relation sociale avec autrui. La relation avec le visage peut certes être dominée par la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c’est ce qui ne s’y réduit pas… Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence. En même temps, le visage est ce qui nous interdit de tuer »  .

Pour David Le Breton, le visage est le lieu de la reconnaissance de l’autre et où l’on doit aussi répondre de ses actes. Sans déligitimer le port du masque dans le contexte de cette pandémie, le prix à payer semble lourd. Il nous défigure et altère le lien social car chacun perçoit l’autre comme un danger, une menace pour sa santé. Il risque aussi de nous libérer de toutes nos responsabilités. Mais il ne mettra pas à mal la convivialité. « Certes, nos rites d’interactions sont bouleversés, mais nous en inventons d’autres. Nous gardons aussi un immense désir de retrouver une liberté de mouvement mais surtout de sortir indemne de cette crise sanitaire ».

Tous ces changements perturbent actuellement notre vie sociale et familiale. L’ambiance est anxiogène et les rapports humains ne sont plus les mêmes. Les jours passent et se ressemblent. L’optimisme est devenu un besoin !

                                              Bonne et heureuse année 2021

1 Corine Pelluchon, “Quand on ne rencontre que des gens masqués, on a le sentiment d’être seul au monde”, Mis en ligne le 28/05/2020. 
2  Emmanuel Lévinas (1906-1995), Ethique et infini (1982)

Editorial – revue n°31

La perte subite de la bonne santé menace la vie. Sa correction est assurée par la médecine d’urgence. Le « vrai SAMU » commence, en 1974, avec la mise en place de la régulation médicale qui fournit la réponse la mieux adaptée aux demandes. A l’occasion du cinquantième anniversaire de la création du SAMU, une exposition « SAMU, 50 ans » se tient jusqu’au mois d’avril 2021, à l’espace muséographique Jean de Rudelle à l’Hôtel-Dieu Saint Jacques que nous vous invitons à découvrir.

Le Pr Christian Virenque rend hommage au Pr Louis Lareng, décédé le 3 novembre 2019, qui symbolise à Toulouse, en France mais aussi à l’international, l’excellence de la médecine d’urgence et rappelle son engagement en faveur de la télémédecine.

Le Dr Richard Aziza de l’IUCT-Oncopole-Toulouse et les Drs R.L. Cazzato, X. Buy et J. Palussiere de l’Institut Bergonié-Bordeaux – centre de lutte contre le cancer, nous exposent les perspectives du radiologue interventionnel dans la prise en charge des météstases osseuses.

Dans la partie culturelle, les confrères et amis que vous lisez régulièrement ont traité un thème de leur choix.

Vous trouverez dans la rubrique Livres, quelques pages choisies à lire.

Bonne et heureuse année 2020

Editorial – revue n°30

Nous abordons avec le même enthousiasme la quinzième année depuis la création de la revue Médecine et Culture grâce à tous ceux qui participent bénévolement à sa rédaction et au soutien de nos lecteurs que nous souhaitons plus nombreux.

Nous avons été agréablement surpris ce mois de mai lorsque nous avons appris qu’un de nos textes ‒ Les médecins philosophes ‒ paru dans cette revue en décembre 2007, a été le sujet de l’Épreuve de « Société et Humanité » au concours de première année de Médecine (P.A.C.E.S.), à l’Université Paul Sabatier de Toulouse.

Nous tenons particulièrement à remercier le Pr David Le Breton, professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg, Membre de l’Institut universitaire de France, Membre de l’Institut des études avancées de l’Université de Strasbourg (USIAS), auteur de nombreux ouvrages, traduits en plusieurs langues. Avec beaucoup d’altérité et de simplicité, il nous a permis de bénéficier de son savoir chaque fois que nous avons fait appel à lui pour participer à la rédaction de différents articles publiés dans cette revue.

La partie médicale s’intéresse aux douleurs carcinologiques fréquemment rapportées par une majorité de patients. À ce jour, les opiacés restent le traitement de choix pour lutter contre ce type de douleur. Mais ils présentent de nombreux effets indésirables. Cependant, il est licite que les techniques d’anesthésie locale ou locorégionale participent au traitement de la douleur. L’analgésie intrathécale connaît, par ailleurs, un regain d’intérêt.

Dans la partie culturelle, après avoir défini la raison et l’émotion, on tentera de répondre à la question : « Que peut la raison face aux émotions ? » En effet, si « pour justifier nos actes, la raison est suffisamment éclairante, nous ne pouvons nous empêcher de douter de la capacité de la raison à rendre compte de tout », tout expliquer, tout justifier. Mais, les émotions sont-elles un danger contre lequel la raison devrait se dresser ?

La chronique de Paul Léophonte nous décrit les petites toiles d’Hammershoï, le maître de la peinture danoise. L’exposition autour d’une quarantaine de