
Editorial – revue n°36
Alors que lâangine de poitrine parfaitement dĂ©crite par Heberden en 1772 avait suscitĂ© au cours des dĂ©cennies suivantes de nombreuses publications sur sa pathogĂ©nie, lâinfarctus du myocarde fut pratiquement mĂ©connu jusquâĂ la fin du XIXe siĂšcle. Le traitement recommandĂ© par les guidelines, des experts des SociĂ©tĂ©s savantes, bien codifiĂ©, conseillant la prise en charge trĂšs rapide et le traitement par thrombolyse ou cardiologie interventionnelle des infarctus, doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un des grands progrĂšs de la cardiologie actuelle.
A la fin de sa vie, RenĂ© Leriche, grand chirurgien du siĂšcle passĂ©, confiait porter en lui un petit cimetiĂšre oĂč il faisait de temps en temps oraison. Aux marges des joies, des succĂšs remportĂ©s contre la maladie et des relations humaines qui ont enrichi sa vie professionnelle, il revit ce quâelle put avoir dâinaccompli. Denis Diderot, connu de son vivant comme le maĂźtre de lâEncyclopĂ©die, reconnu pour son Ă©rudition et son esprit critique, Ă©difia, entre philosophie et littĂ©rature, roman et théùtre, une Ćuvre riche, complexe, originale, reprĂ©sentative du siĂšcle des LumiĂšres. Sa modernitĂ© ressort de son goĂ»t pour les idĂ©es neuves, de sa curiositĂ© pour les sciences, de la hardiesse de sa pensĂ©e, ce qui nâa pas manquĂ© de lui valoir quelques dĂ©boires avec les autoritĂ©s.
Editorial â revue n°35
LâannĂ©e sâachĂšve avec ce satanĂ© virus qui perturbe notre quotidien, freine nos projets, nos rencontres et nos loisirs. Le nombre de contaminations explose encore et, parmi les patients infectĂ©s, 90% ne sont pas vaccinĂ©s. Comment Ă©viter cette propagation ? Doit-on donc rendre la vaccination obligatoire ? Cette situation angoissante nâa que trop durĂ© ! Heureusement que la lecture et lâĂ©criture nous accompagnent.
La mĂ©decine hĂ©liportĂ©e, nĂ©e en 1950, lors de la guerre dâIndochine, adaptĂ©e vingt ans plus tard Ă la mĂ©decine civile par des mĂ©decins hospitaliers de Toulouse, au sein de lâarsenal des techniques de mĂ©decine dâurgence, elle occupe aujourdâhui, en France, une place prĂ©pondĂ©rante.
LâĂ©nergie de nos cellules vient aussi de lâhydrogĂšne. LâhydrogĂšne dĂ©carbonĂ© sera utilisĂ© dans un futur proche et lâavenir est dans le dĂ©veloppement de rĂ©acteurs civils Ă fusion dâhydrogĂšne.
Dans la partie culturelle, nous avons opté pour une libre expression. Les confrÚres et amis que vous lisez réguliÚrement traitent le sujet de leur choix.
Bonne et heureuse année 2022
N°35 Médecine & Culture
N°34 Médecine & Culture
Editorial â revue n°33
Personne n’avait prĂ©vu qu’une pandĂ©mie – de Covid-19 – allait tout bouleverser. Nous vivons une pĂ©riode Ă©trange, inattendue et dĂ©concertante, une vĂ©ritable catastrophe ! Il y a des morts tous les jours et nous sommes prĂ©occupĂ©s par le risque dâinfection, menacĂ©s par un ennemi insaisissable, dangereux qui met notre vie en danger. Nous devons rester prudents et respecter toutes les mesures obligatoires : le confinement qui nous Ă©loigne des proches et du monde, le lavage rĂ©pĂ©titif des mains, la distanciation, le masque qui cache notre visage et nous irrite mais que nous portons par nĂ©cessitĂ© afin de nous protĂ©ger dâune Ă©ventuelle contamination
Le masque risque de rompre notre lien avec le monde extĂ©rieur en nous dĂ©possĂ©dant dâune partie importante de notre visage. Il nous soustrait au regard dâautrui et dissimule ainsi une part de notre identitĂ©. Mais, pour Emmanuel Levinas « le visage ne sâidentifie pas uniquement Ă la figure. Il nous rappelle notre fragilitĂ©, notre exposition Ă la maladie et Ă la mort mais nâexclut pas que lâautre ait un visage, câest-Ă -dire quâil soit singulier, porteur dâune fragilitĂ©, dâune mortalitĂ© et quâil invoque notre responsabilitĂ© ».
Dans un extrait d’Ăthique et infini, E. LĂ©vinas Ă©crit :
« Je pense [âŠ] que lâaccĂšs au visage est dâemblĂ©e Ă©thique. Câest lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les dĂ©crire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet. La meilleure maniĂšre de rencontrer autrui, câest de ne pas mĂȘme remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observe la couleur des yeux, on nâest pas en relation sociale avec autrui. La relation avec le visage peut certes ĂȘtre dominĂ©e par la perception, mais ce qui est spĂ©cifiquement visage, câest ce qui ne sây rĂ©duit pas… Le visage est exposĂ©, menacĂ©, comme nous invitant Ă un acte de violence. En mĂȘme temps, le visage est ce qui nous interdit de tuer » .
Pour David Le Breton, le visage est le lieu de la reconnaissance de lâautre et oĂč lâon doit aussi rĂ©pondre de ses actes. Sans dĂ©ligitimer le port du masque dans le contexte de cette pandĂ©mie, le prix Ă payer semble lourd. Il nous dĂ©figure et altĂšre le lien social car chacun perçoit lâautre comme un danger, une menace pour sa santĂ©. Il risque aussi de nous libĂ©rer de toutes nos responsabilitĂ©s. Mais il ne mettra pas Ă mal la convivialitĂ©. « Certes, nos rites dâinteractions sont bouleversĂ©s, mais nous en inventons dâautres. Nous gardons aussi un immense dĂ©sir de retrouver une libertĂ© de mouvement mais surtout de sortir indemne de cette crise sanitaire ».
Tous ces changements perturbent actuellement notre vie sociale et familiale. Lâambiance est anxiogĂšne et les rapports humains ne sont plus les mĂȘmes. Les jours passent et se ressemblent. Lâoptimisme est devenu un besoin !
                                              Bonne et heureuse année 2021
1 Corine Pelluchon, âQuand on ne rencontre que des gens masquĂ©s, on a le sentiment dâĂȘtre seul au mondeâ, Mis en ligne le 28/05/2020.Â
2  Emmanuel Lévinas (1906-1995), Ethique et infini (1982)